De la chasse à la randonnée, histoire de la préservation du Mercantour

 

Vaste territoire préservé, le parc du Mercantour jouit aujourd’hui d’une réputation qui va bien au-delà des habitants des Alpes-Maritimes et des Alpes-de-Haute-Provence, ses départements d’accueil, puisqu’on vient de très loin pour le parcourir. Lieu privilégié pour la randonnée dans les Alpes-Maritimes et l’observation de la nature, le parc accueille de nombreux parcours de randonnées culturelles mis en place par le Bureau des moniteurs. Pourtant, le souci de la préservation de la faune et de la flore n’a pas été sans aléas. Revenons sur l’histoire du sixième par national de France.

Le lac de Trécolpas, au cours d'une randonnée dans les Alpes-Maritimes.

Le lac de Trécolpas, au milieu du Mercantour.

Un destin à cheval entre l’Italie et la France

Peut-être ne le savez-vous pas, mais une grande partie des Alpes-Maritimes a longtemps été bringuebalée entre la France (successivement royaume, empire ou république) et l’Italie (avant et après réunification). La zone à l’est à plus forte raison, et c’est justement là que se situe le territoire qui est devenu la zone protégée que l’on connait – et qu’on aime parcourir à la découverte des bouquetins et autre marmotte.

Bouquetin rencontré lors d'une randonnée.

Un bouquetin des Alpes.

Vittorio-Emmanuel II est ainsi la première autorité à considérer la sauvegarde animale comme primordiale. Le 26 décembre 1859, il fait du massif du Mercantour et du massif de l’Argentera sa Réserve royale de chasse. Il s’agit d’endiguer la disparition des chamois et bouquetins, presque éteints. Ce territoire s’étend plus encore avec la signature par Napoléon III du Traité de Turin, qui fait passer Tende, la Brigue et une partie de Saint-Martin-Vésubie, Isola, Valdeblore et Belvédère sous la coupe italienne, en échange du duché de Savoie et du comté de Nice. L’héritier Vittorio-Emmanuel III réintroduit dès 1921 le bouquetin, l’espèce commence à se régénérer en 1932.

La période entourant la Seconde guerre mondiale est trouble pour les habitants, et pour la nature aussi. Bien que le Conseil général des Alpes-Maritimes ait adopté la motion du projet de parc national, l’absence de protection, la militarisation de la zone avec des affrontements violents et le braconnage font beaucoup de mal à la faune et à la flore. Ce n’est qu’en 1953 qu’un arrêté ministériel rétablit le statut de réserve à une petite partie (environ 90 km²), puis peu à peu d’autres sont ajoutées (20 km² en 1959, on atteint 224 km² en 1973). Pendant ce temps, dès 1960, le projet de parc national est de nouveau dans les tuyaux, mais il faudra des consultations, discussions et concertations avec les communes concernées et les chasseurs, opposés au projet, pour annoncer enfin la naissance, en 1979, du parc national du Mercantour, sixième parc de France.

L’avenir

Le destin franco-italien du parc est toujours d’actualité, puisque le parco naturale Alpi Maritime est officiellement jumelé avec le Mercantour depuis 2013. Les deux parcs sont l’héritage direct de la Réserve royale de Vittorio-Emmanuel II et partagent aujourd’hui 33 km de frontière entre la France et l’Italie. Cela porte à 1000 km² la réserve naturelle des Alpes.

L’ensemble a fait l’objet d’un inventaire d’envergure de sa faune et de sa flore, entre 2007 et 2017, un projet quasi unique au monde. On a établi ainsi que plus de 40 espèces de plantes (sur les 2000 présentes) sont endémiques au parc. Et si certaines espèces animales ont été sauvées par les politiques environnementales mises en place, il en reste 53 qui sont menacées. L’inventaire Biodiv’Mercantour se consulte en ligne, où les agents observateurs répertorient scrupuleusement leurs rencontres animales et végétales.

Des rencontres que vous pouvez vivre vous-même, lors d’une randonnée guidée dans les Alpes-Maritimes par le Bureau des moniteurs. Avec le retour des beaux jours, d’ici quelques semaines, nous allons laisser les raquettes à neige de côté et reprendre les parcours du Mercantour en attendant avec beaucoup d’impatience les activités de canyoning en PACA. Ne laissez pas passer la venue du printemps dans ces lieux, c’est un festival de bourgeonnement floral et de rencontres animales inopinées !

2019-10-01T09:18:16+02:00Mis à jour le 01/10/2019 | Publié le 29/01/2018|Randonnée|