Un poids lourd et une furieuse envie d’emmener la grimpe aux quatre coins de l’Hexagone. Il n’en fallait pas plus à Henri Pyka, moniteur professionnel de canyoning et d’escalade indépendant et administrateur du Bureau des moniteurs, pour imaginer le « camion escalade ». Normal que cette appellation ne vous parle pas forcément, elle est unique en France et n’a pas encore eu le temps d’initier tout le monde au plaisir de l’ascension à mains nues.
Camion escalade en place.
Machine infernale de 10 tonnes
L’histoire commence il y a une quinzaine d’années. Henri Pyka et son acolyte d’alors, François Crespo, entament la construction d’une structure modulable ambitieuse . Dotée d’une surface d’escalade de 75 m², cette machine infernale de 10 tonnes est en mesure de parcourir le monde (la France, au moins). Seuls impératifs pour que l’engin soit à son aise : lui trouver une surface plane d’au moins 14 mètres de long pour 8 de large. Pas si compliqué mais le projet ne trouve pas sa clientèle. Il finit endormi dans la Drôme, chez François Crespo.
Il y a 5 ou 6 ans, le Bureau des moniteurs et son équipe de guide de montagnes fait l’heureuse acquisition de ce jouet grandeur nature pour l’ajouter à son programme d’escalade du 06. Flanquée de parois modulables de plus de 10 mètres de haut, la carcasse en acier est pourvue de panneaux de bois piqués de prises. « À la louche, je dirais qu’il y en a 300 ou 400. Peut-être plus », glisse Henri Pyka. Notre équipe de moniteurs indépendants du 06 peuvent désormais partir sur les routes pour initier jeunes et moins jeunes à ce sport dans toute la région
Et n’allez pas croire qu’on en fait vite le tour. « La structure est composée de deux parties. Sur l’une d’elle, on grimpe avec des cordes, en tête (on prépare la voie pour les grimpeurs suivants) ou en moulinette (lorsque la voie est déjà balisée), sur l’une des 5 voies. On compte une quinzaine d’itinéraires différents. Il y a aussi une zone bloc, comme en salle. C’est-à-dire que l’on grimpe sans corde sur un mur inclinable. Les combinaisons sont infinies. » Pas de panique, cela se fait en toute sécurité grâce aux matelas de réception couchés au sol.
Bloc d’escalade avec matelas de réception au sol.
À chacun son niveau
Notez que la difficulté des parcours est variable. La cotation des voies va de 4a (débutant) à 7b (confirmé). « On peut se servir du camion escalade pour faire découvrir ce sport aux enfants dès 4 ans, mais aussi comme réelle structure d’entraînement pour les grimpeurs aguerris », détaille Henri Pyka. « Pour l’anecdote, Romain Desgranges, le champion d’Europe d’escalade (2013, à Chamonix), est venu ouvrir une voie de type « extrême ». On la reconnaît aux prises roses sur la paroi. C’est un challenge pour ceux qui veulent tester le haut niveau », s’amuse le spécialiste.
Ce camion pas banal part en vadrouille 25 à 30 fois par an, « et ça va en augmentant », commente le professionnel. Et quand Henri Pyka prend la poudre d’escampette au volant de son poids lourd, ça fait mouche. « Les gens sont souvent surpris de découvrir une structure aussi grande sur la place de leur village », raconte-t-il. « Par exemple, chaque année, nous participons à la Fête de la jeunesse et des sports organisée par la mairie d’Antibes, début septembre. En une journée, nous faisons grimper 500 à 600 personnes. » Un formidable moyen d’initier le grand public aux sensations physiques puissantes qu’offre l’escalade.
« On peut aussi organiser des cours d’escalade à Nice ou ailleurs. Nous le faisons à La Trinité régulièrement. La mairie loue le camion pendant quatre jours et les élèves des établissements scolaires du coin viennent découvrir les techniques de la discipline. On peut mettre en activité 10 à 12 personnes à la fois, toujours sous le contrôle d’un moniteur diplômé d’État », relate Pyka, le passionné. Facile d’accès et de qualité, cette invention originale est très proche des installations dont disposent les salles d’escalade.
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